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Photo du rédacteurTRIAL International

Histoires de ténèbres et d'espoir avec l'artiste syrien Hamid Sulaiman

Qu'est-ce qui vous vient à l'esprit quand vous pensez au massacre de Hama ?


Hama évoque un fantôme de terreur dans mon esprit. Depuis ma naissance, j'entends des histoires sur la façon dont la population syrienne a payé son opposition au régime des Assad. Lorsqu’ils évoquent "Hama 82", la plupart des Syriens baissent la voix, et cela, seulement lorsqu’ils osent en parler.


Hama 82 représente une longue histoire d'injustice dans le royaume de terreur des Assad. Je suis convaincue que la guerre d'aujourd'hui aurait pu être évitée si les représentants et les individus responsables des événements de 1982 avaient été jugés. J’ai toujours l’espoir de voir la justice triompher.


De plus, j'ai toujours considéré que les soldats étaient les premières victimes de la cupidité des dirigeants politiques. Pendant des années, les jeunes hommes ont subi un lavage de cerveau à coups de slogans nationaux. Dans beaucoup d’autres cas, ils ont aussi simplement été obligés de rejoindre les troupes. La Syrie est divisée par circonscriptions dans lesquelles les jeunes doivent effectuer un service militaire pendant deux ans et demi. La plupart des jeunes qui se battaient pour l'armée du régime n'avaient pas d'autre choix. Ceux qui ont refusé de rejoindre l'armée ont été contraints de rejoindre des groupes rebelles.


Vous êtes né à Damas en 1986. Pouvez-vous nous parler de votre vie avant le printemps arabe ?


Diplômé de l'Université d'Architecture de Damas en 2009, j'ai ensuite travaillé comme architecte. J'ai toujours aimé dessiner. Depuis mon plus jeune âge, je suis fasciné par les bandes dessinées et j'ai voulu devenir dessinateur. Mais les universités syriennes n'offrant pas de formation graphique, j'ai choisi l'architecture plutôt que les beaux-arts.



J'étais à Damas lorsque le printemps arabe a commencé. Militant depuis la première heure, je fais partie de ceux qu’on appelle aujourd'hui « les jeunes rêveurs du printemps arabe ». Mais j'ai dû quitter la Syrie en août 2011 après avoir été emprisonné dans le Centre de détention militaire 215 de Damas. J'ai fui en taxi vers la Jordanie, à Aqaba puis au Caire, où je suis resté pendant presque un an avant d'obtenir un visa pour l'Allemagne. La plupart de mes amis ont fui le pays. Certains sont toujours à Damas et Al-Zabadani, et nous restons en contact par le biais des réseaux sociaux.

Pourquoi avez-vous choisi de dessiner Freedom Hospital en noir et blanc ?


J'ai développé un style noir et blanc depuis un moment maintenant. En général, j'ai une approche minimaliste de la visualisation. Je trouve qu'en utilisant seulement la couleur noire avec le minimum de détails, on laisse davantage de place à l'imagination du lecteur pour remplir les espaces vides. Quand il s'agit de rapports au visuel, « less is more » (moins c’est plus).


Depuis que j'ai fui mon pays, j'ai utilisé le dessin comme moyen d'expression par rapport à ce qui se passe dans mon pays. Transformer mes angoisses en art était une façon de les surmonter. Quand j'ai commencé à produire mes bandes dessinées et à travailler sur la guerre, je ne pensais pas que ce livre serait publié et mon travail exposé dans les musées.


All picture belong to ©Hamid Sulaiman

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