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  • Photo du rédacteurTRIAL International

Disparitions forcées : les victimes prennent la parole


La séparation subite, l’absence de nouvelles, la peur des représailles et l’incertitude qui rend tout deuil impossible provoquent des souffrances indélébiles. Une disparition forcée constitue une atteinte aux droits de la victime directe, mais également de ses proches. En effet, ceux dont les proches ont disparus voient leur quotidien gravement et durablement affecté.


Des victimes des quatre coins du monde racontent leurs histoires


Bosnie-Herzégovine


Ema Cekic a vu son mari Salih pour la dernière fois en 1992, avant que l’armée serbe ne le fassent disparaitre. Elle est aujourd’hui âgée, mais son souvenir est intact : «La dernière fois que nous nous sommes vus, il a posé sa main sur mon épaule. Parfois je la sens encore.»

Ema Cekic ©Lorraine Hauenstein/TRIAL International

Salih a été vu pour la dernière fois le 16 juin 1992 entre les mains de l’armée de la Republika Srpska dans le camp de concentration de «Planijina Kuca», situé dans la municipalité de Vogosca.



Le mémorial des disparus de Vogosca se trouve quelques kilomètres du centre-ville. Il faut quitter la route asphaltée et s’engager sur un chemin de terre pour y accéder. Un endroit serein, proche d’une petite rivière… qui cache une histoire sinistre.

Memorial des disparus de Vogosca ©Lorraine Hauenstein/TRIAL International

«Deux corps ont été retrouvés dans cette rivière», explique Ema. «Nous pensons que d’autres corps y ont été jetés. Le 30 août, nous jetons des roses dans l’eau. C’est un hommage aux disparus, mais aussi un message aux criminels qui vivent encore parmi nous : nous savons ce qu’ils ont fait et comment ils ont disposé des corps.»

Le 30 août, d'anciennes victimes jettent des roses dans la rivière en souvenir des disparu.e.s. ©TRIAL International

«Tout ce que je veux, ce sont des réponses. Je me battrai jusqu’au bout pour connaître la vérité», poursuit Ema. «Je ne veux pas que mes enfants et petits-enfants portent ce poids à leur tour. Je veux qu’ils puissent tourner la page et aller de l’avant.»





Mexique


Lorsque les personnes disparues assuraient la subsistance de la famille, ce sont souvent des mineurs qui se voient obligés de les remplacer : ils abandonnent alors l’école pour trouver du travail. Leurs droits d’accéder à l’éducation, mais aussi à la santé, à la sécurité sociale et à la propriété sont donc impactés.


C'est le cas de Kimberly et Heber, dont le père a disparu de force à Tijuana en 2009.


«On a été obligé de tout vendre pour payer les avocats et les enquêteurs. C’est là qu’on a réalisé dans quelle situation on était et que notre vie ne serait plus jamais la même», témoigne Heber Reveles Castaneda.


Aujourd’hui, le Mexique ne dispose d’aucune politique publique qui protège efficacement les mineurs victimes de disparitions forcées.


TRIAL International et une coalition d’ONG locales dénoncent auprès du Groupe de travail sur les disparitions forcée ou involontaires (GTDFI) la situation des enfants ou adolescents ayant des proches disparus, dont les droits fondamentaux sont souvent violés.

Dans leur rapport, TRIAL International et ses partenaires recommandent notamment la simplification des procédures de recherche, afin que celles-ci puissent être lancées le plus rapidement possible.



Tombe clandestine à La Garella, dans la banlieue de Tijuana, Mexique. ©Prometeo Lucero


Népal


Les disparitions forcées au Népal s’inscrivent dans le contexte du conflit armé interne qui a accablé le pays entre 1996 et 2006. Ce conflit a inscrit le Népal dans la liste des principaux États responsables de violations majeures des droits humains. Le recours aux disparitions forcées, aux mauvais traitements, aux exécutions sommaires et aux détentions arbitraires perpétrées par les agents de l’État, mais aussi par les rebelles maoïstes, s’est généralisé au cours de cette décennie.

Cérémonie en mémoire des disparu.e.s à Kathmandou. ©TRIAL International

Kamala Katwal avait 12 ans quand son père a été enlevé par les autorités en décembre 2001. Personne ne l’a revu depuis. Étant l’aînée de la fratrie, et comme sa mère était illettrée, c’est la jeune fille qui a assumé la lourde tâche de saisir la justice.


«Mon père a été enlevé il y a près de 13 ans. La situation n'est pas encore améliorée», raconte Kamala Katwal. «Quand il était à la maison, nous recevions beaucoup de visites. Il était connu dans le village, politiquement engagé et respecté. Mais après sa disparition nous avons été mis au ban de la société.»



Kamala Katwal ©TRIAL International


Gabriella Citroni, Conseillère juridique pour TRIAL International, signale que le phénomène reste en hausse, malgré des années de lutte contre les disparitions forcées et des résultats significatifs.


«Il est grand temps que les Etats et la communauté internationale adoptent et mettent en œuvre de nouvelles stratégies pour ne pas simplement compenser a posteriori, mais aussi prévenir ces abus», décalre Gabriella Citroni.


Comment TRIAL International défend-elle les victimes?


Les proches des disparus se tournent habituellement vers les autorités de leur pays pour obtenir justice, mais leurs démarches se révèlent souvent vaines et elles ne parviennent pas à faire la lumière sur le sort de leurs proches disparus. TRIAL International leur fournit alors une assistance juridique complète et, si elles le souhaitent, soumet leur cas devant les instances internationales de protection des droits de l’homme.

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